Le vendredi, nous étions attendus vers 11 heures, ce qui nous a permis de quitter la maison vers 4 heures du matin. Les sept cents kilomètres ont été avalés confortablement assis sur la banquette du Jumpy d'Aurélien. Les MEURISSE nous avaient préparé un casse-croute pour attendre les personnes invitées et bavarder du programme du jour. Vers midi, nous partons pour la chasse, c'est la bonne heure pour les aigles. Nous quittons la ferme à pied pour la première traque. Aurélien vole presque immédiatement un lièvre impossible qui traverse la vallée sur plus d'un kilomètre ; "Altin" passe au dessus de moi à plus de cinquante mètre de hauteur, il a déjà fait quatre cents mètres en vol tranquille pour rejoindre l'animal. Il traversera aussi la plaine pour se poser huit cents mètres plus loin. Son réclame est bon, sitôt au poing, un lièvre gité est aperçu : Alain, le réalisateur du films qui sera projeté sur la chaine"SEASONS" court tout ce qu'il peut pour rejoindre Aurélien. Sitôt le cadre obtenu, notre capucin détalle à travers le labour profond. Altin prend dans un crochet après un vol d'une centaine de mètres, avec une puissance incroyable, surtout après avoir volé sur plus d'un kilomètres quelques secondes avant. Magnifique prise bien méritée. Il faut dire qu'Aurélien à travaillé dur son aigle cet hiver, il en récolte les fruits maintenant. Quelques temps plus tard, après avoir chargé les bottes de terre très collante, il nous faut monter aux éoliennes. Le placement des aigles dure un bon quart d'heure ce qui permet aux traqueurs de faire le tour des plaines pour rabattre les lièvres comme en pratiquant un chaudron. quelques chevreuils se dérobent sur la crête où l'on voit l'aigle à Romuald engager. C'est trop loin pour nous, je suis toujours avec Aurélien. Corentin traque avec les Meurisse. Un livre sort de la crête est descend sous moi, je déchaperonne, et Sarembaï entreprend cet animal en le survolant de quelques dizaines de mètres. Il déclenche à peine au dessus dans un crochet comme il a l'habitude de faire, mais la capucin est plus malin et saute au passage de l'aigle. Malgré une belle ressource, il ne prendra pas. Je sens une frustration chez cet oiseau depuis décembre. Sans l'expliquer vraiment, c'est surement le manque de vol qui lui a fait perdre cette agressivité naturelle qui était chez lui si contrôlée. En tous cas, il a perdu de sa superbe. Mélissa volera un lièvre dans le contre-bas du buisson sans résultat. Son aigle, un hybride d'aigle royal et de Bonelli, est très vif de caractère, mais il n'a encore pas attaqué en conditions normales de chasse ; il lui faudra sans doute un eu de patience pour obtenir des résultats, surtout en arrière saison. Corentin n'aura pas volé ce matin, mais il persiste à traquer ; c'est son choix... le soir approche doucement, nous nous dirigeons vers le bois où, normalement, bon nombre de chevreuils et de lièvres prennent abri. Les aigles se postent, les traqueurs aussi. La chasse est lancée. Romuald vole un renard en dérobade. Quatre chevreuils quittent le bois au petit trot, mais beaucoup trop loin pour Sarembaï. Un lièvre quitte le grand bois pour traverser vers le petit bois, mais il ne savait pas qu'Aurélien était en caponnière dans cette attente. Altin entreprend ce lièvre qu'il prendra en quelques coups d'ailes. Toujours aussi puissant, mais en plus, maintenant, efficace. Je volerai l'ombre d'un lièvre juste pour le fun, afin que Sarembaï se dégourdisse les ailes. Il reste une demi-heure de jour que nous consacrons à quêter un colza assez bas. Nous y verrons deux lièvres qui seront volé, l'un par l'aigle de Romuald, l'autre par Sarembaï qui ne le verra pas. La journée se termine autour d'un verre pétillant. Nous disloquons pour rejoindre le gite à une demi-heure de voiture. Nous nous retrouvons un peu plus tard pour diner dans une pizzéria réputée e Laon, puis nous allons faire dormir les yeux, et le reste si dieu veut....
Le lendemain, chez les COMPERE, le temps est un peu plus compliqué ; un brouillard épais nous bloque l'horizon à quelques dizaines de mètres. Le café pris, nous engageons dans les grandes plaines picardes. Nous chassons tout d'abord une grande pièce pleine de radis chinois. Cela semble intéressant et effectivement, après quelques centaines de mètres traqués, un chevrillard mâle saute dans les bottes à Aurélien. Altin vole très vite, il remonte le léger retard, griffe une fois, lâche, griffe une deuxième fois, relâche, et griffe une troisième fois pour finalement lâcher définitivement. Dommage car ce vol était somptueux. Romuald et Christophe prendront chacun un lièvre très court, nous n'avons rien vu, c'était à l'autre bout de ligne. Félicitations quand même. L'après midi se déroulera de la même manière, nous ne prendrons plus mais tous voleront. Corentin va même manquer de justesse un lièvre pourtant pris au pied. Le soir va vite arriver et nous nous retrouvons autour d'un très fin diner préparé par Madame COMPERE, merci à elle de cette superbe soirée.
Le dimanche nous dépose dans un château Picard, chez Monsieur TURQUIN. Nous sommes attendus pour un petit brunch là encore pour préparer la chasse, car nos hôtes assistent pour la première fois à une chasse avec des aigles. Le territoire est magnifique, un peu plus vallonné, un peu plus fermé aussi. Monsieur TURQUIN ne peut nous suivre plus de la matinée, c'est pour cette raison que nous attaquons tôt.
Nous traquons les alentours du château car quelques chevreuils ont pris le parti de rester près des hommes. Malheureusement, nous n'en verrons pas aujourd'hui. Ensuite nous entreprenons le grand bois, en limite de la forêt de saint Gobain. Les pieds de longues pattes sont si nombreux qu'on ne peut pas avancer sans les piétiner. Nous traquons en avançant dans une coupe de régénération en phase terminale. Un chevreuil se dérobe très loin de moi mais Corentin peut voler sans résultat. Un peu plus tard, un chevrillard saute le chemin entre moi et Aurélien qui doit être derrière. Je l'appelle pour lui signaler, mais la sonnerie dérange le chevrillard. Il fait demi tour et quitte la vue ; merci J.L. Sur le retour, un autre chevrillard saute devant les traqueurs mais aucun aigle ne volera. Nous apprendrons ensuite que Thibaud aura volé un groupe de chevreuils si bien que tous auront volé, même Mélissa.
Avant de rentrer, Monsieur TURQUIN nous propose une traque en plaine, ce que nous acceptons. L'aller sur deux kilomètres nous montrera quelques lièvre très loin. Lors du retour, Aurélien prendra son troisième lièvre après un superbe vol à travers les champs. Sarembaï est plus vif aujourd'hui et son dernier vol sera très beau, mais sans conclure. Nous en restons là. Une omelette préparée par la cuisinière nous attend ainsi que le fils de monsieur Turquin, Hubert, qui nous a accompagné toute la matinée tantôt à cheval tantôt à pied. Nous échangeons les mails et téléphones pour communiquer par la suite.
Ces trois jours ont été merveilleux, difficiles, 35 kilomètres parcourus, nous en garderons un souvenir radieux.
Jean-Louis.
Je vous livre maintenant la version légèrement différente d'Aurélien :
Un week-end d'exception.
Ce week-end nous étions avec Jean-Louis dans les Hauts de France, sur la ville de Laon.
Vendredi,
le rendez-vous était donné à 11h pour le casse croûte, accueilli sur
l'exploitation, nous sommes partis chasser aussitôt.
Le territoire se présente très vallonné, composé de grandes plaines, le temps est splendide.
Nous
sommes postés pour la première traque, à ce moment mon attention n'est
pas prêtée à la chasse, mais à scruter l'horizon, les parcelles à perte
de vue, je suis certain qu'un lièvre peut s'y dérober. Les traqueurs
nous rejoignent, lorsque j'aperçois enfin ce que j'attendais depuis le
début, un lièvre se dérobe à 300m, il est à peine visible dans le
labour, je déchaperonne et Altin s'élance, cela sera le plus beau vol
du week-end, l'aigle perdra le lièvre de vue à plus de 500m (Pour moi, c'était plus près d'un kilomètre), je
m'empresse de récupérer l'oiseau, tout juste arrivé au poing j'aperçois
un second lièvre gîté devant moi, sur le même labour, l'aigle n'est pas
essoufflé, le lièvre patienterai que le cameraman de Seasons s'installe
avant de déguerpir en direction du vallon, Altin part instantanément, le
vol est compliqué, la fatigue du vol précédent se fait sentir, mais la
hase peine également à monter ce vallon dans le labour, Altin l'interceptera sur la crête. Je suis aux anges, le week-end démarre sur
les chapeaux de roues.
D'autres
vols viendront animer la journée, notamment celui de Sarembaï sur un
lièvre en contre bas, où il nous fera la démonstration de son fameux
piqué, comme lui seul est capable de les faire, le capucin plus rusé,
parviendra à se sauver par un saut d'un mètre cinquante. Une défense
toujours aussi époustouflante.
Nous
changeons de poste pour se rapprocher d'un bois. Lors du placement, des
chevreuils se dérobent, Altin gorgé du premier lièvre, ne montre aucun
intérêt à cette occasion. Un, deux puis trois lièvres sortiront du
bois, déchaperonné, l'oiseau n'entreprant aucun vol, rien d'anormal au
vu de sa petite gorge, c'est alors que sans aucune explication il
demande le vol sur un lièvre se dérobant à une centaine de mètres, je le
lâche, il mettra toute sa puissance à remonter le capucin, qu'il
prendra grâce à une erreur dans la défense du lièvre. Je me précipite
sur lui. Envahi par la joie, ce huitième lièvre de la saison est celui
qui me permets d'arriver à la hauteur de mon mentor, quel fierté d'en
arriver là.
Quelques vols
succéderont sans réussite. La journée se termine par un petit tableau
dressé rapidement devant le couché du soleil.
Un petit verre accompagné de gourmandises disloqueront la journée.
Le
samedi sur l'exploitation de la famille Compère, la journée s'annonce
bien plus compliquée, le brouillard est épais, une cinquantaine de
mètres de visibilité guère plus.
La
chasse s'organise, des plaines à battre toute la journée, je ne
parviens pas à écouter ma raison, et rejoins la chasse avec mon aigle,
qui n'a pas totalement absorbé sa gorge !
La
première ligne se forme, à nos pieds les gîtes fraîchement abandonnés,
les lièvres nous anticipent, le brouillard dissimule leur fuite. Les
semis de blé laisse la place a un couvert végétal assez épais, poing
serré je me répète sans cesse que j'attendrais le lièvre parfait. Il ne
me faudra pas longtemps pour oublié mes dernières pensées, puisqu'une
petite chèvre s'élance du couvert à mes pieds, je tombe le chaperon,
l'aigle ne montre aucune hésitation, le vol est déterminé, pas une seule
pause, il remonte le chevreuil très rapidement, il attrape l'arrière
train, décroche, puis tente une approche sur le dos de l'animal, se fait
décrocher une seconde fois, l'aigle déterminé comme je ne l'ai jamais
vu, tente une troisième attaque, il accroche le dos de nouveau avant
d'échapper sa proie. Je suis abasourdi par ce que je viens de voir, je
retrouve mon oiseau du poil plein les pattes. Le sourire jusqu'aux
oreilles, je rattrape ma place sur la ligne, la chasse reprend. Romuald
et Christophe.H prendront chacun un lièvre avant la pause repas.
A
table, nous croisons les doigts, que le brouillard nous foutent la paix
! En vain. Nous reprenons dans les mêmes circonstances, les lièvres
nous anticipent, aucune approche possible, je m'essayerais à quelques
vols, que j'aurais dû m’interdire, ils n'aboutiront pas, les lièvres se
dérobent à 200-300m, le mental de l'oiseau chute, j'ai trop tiré dessus,
je m'en mords les doigts.
La journée s'achève par un repas préparé par la famille Compère.
Réveil dur le dimanche matin, la fatigue nous absorbe tous.
Nous
serons accueilli dans un splendide château, petits pains aux chocolats
et fromages avalés, nous préparons les oiseaux et démarrons la journée,
il n'y a nul doute, les grandes pattes ont envahi le territoire, les
parcelles sont criblées de pas, les sangliers ne sont pas sans reste en montrant les boutis. Très rapidement je comprends que les lièvres ne
seront pas invités au tableau.
Nous sommes postés
au abord de la forêt, dans un premier temps un groupe de trois biches
suitées sortira sous nos yeux, au pas, notre présence ne les bouscule
aucunement, majestueux moment.
C'est alors que
j'aperçois un chevreuil en fuite, sa peur lui coupe la vue, il me fonce
dessus, l'occasion est rêvé, le chevreuil se rapproche, la tension
monte, il ne lui reste qu'une trentaine de mètres à parcourir avant de
sortir à découvert, c'est alors que mon téléphone retenti, le chevreuil
m'aperçoit et rattrape aussitôt la forêt, je suis dégouté, l'occasion
s'annonçait parfaite, cela ne fera pas revenir le chevreuil je peux donc
décrocher, au bout du fil, Jean-Louis qui m'annonce qu'un chevreuil
monte sur moi !! Merci chef !!
La fin de la battue retenti.
Nous
nous reformons en ligne, pour traquer la plaine sans grand espoir. Des
pieds de cerfs partout, pas un mètre carré n'est pas piétiné. La marche
est lancée, lorsque tout d'un coup, Alexandre cri au lièvre, devant, à
80m un lièvre décroche le gîte, incroyable, je déchaperonne, Altin
décolle, il remonte très rapidement l'animal, l'hésitation a changé de
culture aura raison du lièvre, qui sera pris dans les hautes herbes,
quelle joie, je viens de réaliser ma troisième prise du week-end. C'est
fou, cet oiseau me fascine.
Quelques
lièvres seront aperçus aux loin, sans possibilité de vol, Sarembaï
attaquera à deux reprises un lièvre, qui une nouvelle fois, montra
toutes les facultés de défense de ces derniers.
Le
week-end se termine, nous reprendrons la route des images pleins la
tête, des remises en question, et surtout une grande satisfaction pour
le travail effectué, et qui fini par payé. J'ai une chance incroyable
d'avoir un tel compagnon de vol.
Aurélien.
Un grand merci à Monsieur PERRIGUEY Christian pour les magnifiques images apportées.
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