lundi 3 février 2025

Réunion de chasse au vol en Poitou :

Chasse en Vienne : Vendeuvres, Frozes, Bonnes 2025.

Nous sommes fin janvier, l'hiver est là, "Dans les serres de Gilbert" * nous attend. L'avant dernière chasse nous est proposée par plusieurs ACCA  du Nord de Poitiers : Vendeuvres, Chéneché, Bonnes. C'est plus particulièrement le lièvres que nous sommes nous chasser ici, mais, à entendre les chasseurs locaux, les chevreuils ne manquent pas. C'est donc à Vendeuvres que nous nous retrouvons le vendredi matin, 9H30 tapante. Le casse-croûte est servi, le rapport est sonné. C'est Jean-Yves qui œuvre aujourd'hui pour la présentation didactique que nous aimons tant. Elle sert à présenter notre déduit, parler de son histoire, présenter les oiseaux de chasse, parler sécurité, parler protection, etc.... Sa voix de stentor porte loin, ça nous arrange... Quelques minutes suffisent à sa verve de dire le nécessaire. Puis le président montre et décrit les lieux de chasse, les postes s'il y a lieu, les traques. Le départ pour la chasse est lancé. Je ne vous raconterai pas le matin, je n'y étais pas, un rendez-vous médical prévu de plus longue date et indéplaçable m'empêchant d'être à l'heure. Le terrain est modelé, la terre est grasse et collante, les lièvres assez rares dans ces champs de blé bien ras. Quelques vols tout de même ont permis aux aigles de de dégourdir les ailes avant de passer la surmultipliée, s'ils veulent toutefois prendre. J'arrive enfin sur les lieux de chasse. Je m'équipe rapidement et rejoins les chasseurs. Nous sommes répartis en postes successifs le long d'une ligne électrique bien protégée. Le petit bois est poussé par les traqueurs qui lancent une chevrette accompagnée, elle sort de mon côté mais rebondit aussitôt en rentrant au bois. Alors Aurélien s'emploie à se présenter à bonne distance est vole Tchippy qui montre une vraie volonté de gagneur. Il rejoint rapidement la chevrette et l'empoigne pleine poitrine, mais la vivacité de l'animal oblige l'aigle à lâcher prise. Dommage, c'était un très beau vol décisif, mais la chasse l'est encore plus. Un lièvre sort vers nous (Jean et moi), il détale oreilles couchées à toutes berzingue, Jean le vole mais l'aigle ne montre que peu de conviction ; il se dérobe par les arrières sans demander son reste. Nous allongeons le pas vers un bois plus grand que nous encadrons largement. Aurélien et Alexis se dérobent vers le bout du bois  Afin de couper la course de fuite des cervidés à la dérobade. Alexis vole une chevrette qui rentre au bois plus vite que l'aigle. Aurélien vole un lièvre qu'il coiffe juste avant le bois, superbe vol très puissant (cela n'étonne personne avec Tchippy, il a un obus dans les mains). Rien ne sort chez moi, rien du côté de Jean-Yves, rien chez Jean. Nous rebroussons chemin et l'après-midi se termine ainsi que la chasse. Un verre de l'amitié vient agrémenter les discussions qui vont bon train sur ce que ces chasseurs ont découvert. Le seul lièvre du jour  est présenté au tableau, les suiveurs profanes et découvreurs d'un art méconnu font quelques photos pour marquer le moment. Nous regagnons le gîte, à quelques kilomètres de là, pour prendre un peu de temps calme avant de nous rendre à la salle des fêtes pour le dîner. DSG** nous a préparé un dîner copieux et tellement bon, qu’on n’hésite pas à en reprendre. Vers 11h30, nous regagnons le gîte pour une nuit bien mérité. Mon compteur me donne 9.23 km parcourus dans des champs gras et collants. 

         Le samedi, le rassemblement est prévu à la salle des fêtes de Frozes, que nous connaissons bien puisque c'est la septième fois que nous y venons. Patrice connais bien Franck le président et, à eux deux, ils ont fait en sorte que le soleil vienne nous réchauffer. En effet, en partant chasser, il fait -2°. Les tchèques nous diront qu'il fait chaud, mais notre manque d'habitude nous laisse avec ce froid humide difficile à combattre. Plus tard dans la matinée, le soleil perce le brouillard et nous en sommes très heureux. Cependant, la chasse est lancée, nous nous étalons  dans la plaine le long d'une route toute droite. La ligne fait 400 mètres de long, quatre aigles se mêlent aux suiveurs et traqueurs. Nous montons une légère butte d'où aucun lièvre ne sortira. Un peu plus loin, Jean vole un premier capucin sans succès. Une ligne de sapin de noël nous sert trois lièvres qui sortent en même temps, Sarembaï est lancé mais en retard, car l'ayant déchaperonné en avance, il voit le lièvre avant moi et se jette, le temps de le remonter et c'est trop tard. Il vole quand même cet animal devenu imprenable sans conviction mais avec une idée derrière la tête. Je le réclame, rien ne vient. Il décolle et s'enfuie sur trois cents mètres. Sans doute frustré de cet échec, il fait des sauts de puces de deux ou trois cents mètres hors de mon réclame. Je marche derrière sur plus de deux kilomètres pour le voir rejoindre un poulailler dans lequel, heureusement, il n'y avait aucune poule. Je peux enfin le réclamer dans un état de fatigue extrême, (pas l'aigle, mais moi) . Un gentil 4X4 me rejoint et m'emmène vers la ligne. Pendant ce temps quelques vols n'ont rien donner non plus. Nous traquons une friche de laquelle partirons 12 lièvres dont nous n'en verrons que quatre. Alexis vole un capucin qui monte légèrement contre le vent ; Djaïa déploie une force énorme pour remonter ce lièvre et déclencher un plongeon sec et vif mais seul le re-coiffage du lièvre sera pratiqué. Cet animal a eu bien de la chance ! Un troisième lièvre se lève devant nous, toujours contre le vent et en montée. Alexis le vole et Djaïa montre encore un vol d'une rare puissance. Ce vol de plus de trois cents mètres en montée lui permet de rejoindre le lièvre qui se défendra aussi bien que le vol précédent. Pendant ce temps là, Jean-Yves, posé depuis le début à la voie ferrée, aura volé deux lièvres qui remontaient vers lui. Le manque de conviction de Turquyn  lui fera manquer ces deux animaux. Mais, un peu plus tard, L'aigle vole un lièvre fuguant cette fois-ci avec une toute autre conviction ; alors elle démontre qu'elle n'a pas deux mains gauches, elle coiffe le lièvre et le prend magistralement. Jean-Yves est aux anges, il gorge. Nous passons notre chemin, traversons la voie ferrée, emmanchons un colza de cinquante hectares, duquel aucun lièvre ne sort. Nous rejoignons une ligne de petits sapins de noël d'où sortent deux chevreuils (un brocard et une chevrette) qui passent à bonne distance. Mais leur taille est trop grande pour Sarembaï. Je ne déchaperonne pas et ne lui propose même pas d'essayer. Il faut se rappeler que depuis sept ans, cet oiseau qui a pris dix-sept chevreuils les refuse systématiquement depuis le brocard de Rambouillet qui l'avait assommé. On peut comprendre. Je n'aurais du reste pas d’opportunité sur un chevrillard cette après-midi. Ces sapinettes sont pourtant bien attractives. Nous entrons dans cet espace et bientôt un lièvre est annoncé ; mais ne voyant rien, j'attends la vue de l'animal qui ne tarde pas. En même temps, un lièvre sort des pieds d'Aurélien se décalant vers la sortie. Alexis vole et crie "ça vole !" que nous n'entendons pas vu l'écartement. Sarembaï est lâché sur l'instant à l'autre bout du champ, je crie "ça vole" est deux lièvres sont pris en même temps. Deux très beaux vols très puissants, intelligents, vifs et rapides, les deux aigles ont démontrés une grande présence d'esprit pour ces deux prises. Quand bien même nous avons volé ensemble, le contrôle était impossible, et l'écart des deux oiseaux pouvait justifier l'action. Tous les suiveurs ont vu la scène, ils sont ravis. Mais voilà, nous avions deux bracelets offerts par l'ACCA. Le constat nous met dans l'embarras. Le président nous rejoint, il comprend et tranche : je vais chercher un bracelet supplémentaire. Ainsi tout va vers l'ordre. Jean aura volé trois fois dont un très beau vol assez long de son oiseau encore jeune et qui promet. Nous rentrons aux voitures et nous retrouvons à la salle après 18.7 kilomètres. Tous sont rincés, la fatigue se voit sur les têtes. Les chasseurs de Frozes sont très heureux et nous sommes très heureux de leur avoir offert un "spectacle" d'un très bon niveau. Si on veut faire un bilan avec un œil plus averti, nous constatons que le niveau des oiseaux a franchi un cran. Nous avons vraiment vu des vols fous, des vols longs, des vols puissants. Nous constatons que la condition des oiseaux est primordiale. Le poids c'est le poids, du moins le premier jour. Chaque "cadeau" se paye cash ! Fatigués et heureux, voilà une bien belle journée qui se termine. N'est-ce pas cela la vraie Fauconnerie ? Un moment de partage d'un Art méconnu avec des gens néanmoins connaisseurs d'un autre mode de chasse. L'invitation 2026 est faite. Merci, chasseurs de Frozes. Le dîner est à la même heure et au même endroit que la veille, on ne change pas une équipe qui gagne. Quelques merveilles culinaires nous requinquent un peu. Bonne nuit à toutes et tous.  

          Bonnes, petite ville proche de Chauvigny, fief des géants du ciel, nous attend à la même heure, 9h30. Le casse-croûte copieux est partagé. Jean-Yves de sa belle voix recommence son discours pédagogique. Aurélien (le président des chasseurs de Bonnes) nous guide avec sa voiture munie d'un gyrophare pour ne pas nous perdre. Nous démarrons sur une grande pièce de colza de 100 hectares avec quelques boqueteaux souvent bien fournis. Trois chevrettes et deux chevrillards quittent le bois après trois cents mètres de quête. Aucun vol lors de cette partie ne sera possible. La quête reprend et la promenade continue ; il semble que le frais du matin et le colza mouillé ne plaise pas aux lièvres... Soudain, vers le bout du champ, après une heure de quête, un lièvre gicle de son gîte et Aurélien vole sans conclure. Je n'ai pas vu le vol, mais je me doute... L'aigle est vite repris et Jean vole un lièvre court dans de bonne conditions, l'aigle se plante violemment dans un rouin  de tracteur d'où le lièvre sort vainqueur. L'aigle de Jean est planté, je vole par-dessus avec Sarembaï  qui emmanche correctement, rejoint rapidement le capucin, et refuse de le griffer. Déçu, je le rappelle sans récompenser, pas le temps. Quelques chevreuils sont vus très très loin, in-volables, même avec les aigles de Biloute. Nous prenons le retour vers les voitures, et le constat est le même, les lièvres n'aiment décidément pas du tout ni le froid humide, ni les feuilles mouillées. Nous prenons les voitures pour rejoindre un bois que nous n'avons jamais fait. C'est un bois assez bas, très fouillis, où les chevreuils aiment à se reposer en sécurité. Il semble que quelques sangliers sont passés par là aussi. Tous sont tendus comme des arcs. Nous demandons le silence autour de nous, vous savez ce que c'est, au bout de dix minutes, les jacasseries commencent tout bas, au bout de quelques minutes, c'est le départ du tour de France. C'est bien normal, la passion est là. Je suis devant une belle coulée bien fréquentée ; pourtant rien ne sortira, quand bien nous aurons entendu un animal se dérober. Aurélien qui à repris Tchippy vole un groupe de chevreuils dont quelques chevrillard une chevrette et un énorme brocard ; que croyez-vous qu'il arriva ? Tchippy griffe le brocard plein bois. Puis il conduit sa mobylette sur quelques dizaines de mètres et laisse partir, trop gros ! Il reprend vite et Alexis vole un lièvre bien sorti du bois, l'aigle monte un peu et plonge sur une défense incroyable du capucin, elle ressource et dans la descente ne parvient pas à le rejoindre avant le bois. Quel dommage, après un vol pareil. Jean n'osera pas voler un chevreuil trop gros à son goût. Il nous quittera à la fin de cette traque, la route qui lui reste est importante et les familles qui attendent, nous savons ce que c'est... Tous rejoignent les véhicules pour se rendre sur un nouveau bois. Plus grand, nous sommes trop peu pour encercler alors il nous faut choisir à l'expérience. Alexis et Aurélien sont placés par Aurélien, le chasseur. Je suis resté juste devant deux petites pointes de bois creusées par deux près assez larges pour que de jolis vols soient entrepris. Les traqueurs démarrent de fort loin. Rien ne se passe au début. Soudain, après le passage des traqueurs dans la petite pointe, une chevrette assez petite sort du bois sur ma gauche à 150 mètres et se dirige vers moi tout droit. Je déchaperonne et Sarembaï prend son vol sans que je l'aide. Il déclenche en même temps que je me lance en courant aussi vite que je le peux (c'est à dire, pas très vite). Mais la chevrette qui a oublié d'être idiote, prend plein vent de face et l'oiseau voit assez vite qu'il ne peut pas rejoindre le chevreuil. Il fait demi-tour, je le réclame et il rentre très vite. Je reste sur le qui-vive, et à ce moment, Aurélien ou Alexis vole un chevreuil et encore un brocard. Il est griffé relâché. Puis quelques instants plus tard, les mêmes sans savoir si c'est l'un ou l'autre, vole un animal qui fonce nez au vent. Un scénario identique se réplique et le chevreuil ne sera pas pris. Tout semble terminé quand un lièvre sort du bois en parfaite situation ; Mais Sarembaï est déchaperonné, il voit le lièvre avant moi, se jette, remonte au poing, je le lance, mais un peu tard. Il ne parviendra pas à le rattraper. Je m'en veux énormément. Ce lièvre était parfait pour finir cette réunion magnifique. Les chasseurs sont ravis, de nombreux vols ont montré toute la difficulté de capturer des animaux sauvages dans leur milieu naturel. Ils ont compris toute notre motivation. Certes rien ne fut pris, mais ce n'est pas si grave. Ce sera mieux la prochaine fois. Merci aux présidents de ces chasses ouvertes et généreuses. Merci aux chasseurs spectateurs, aux traqueurs, aux dames, aux enfants présents pour découvrir notre déduit. Tous ces gens dont nous avons besoins pour obtenir des territoires le temps d'une journée. Un MERCI Géant aux personnes de "DSG"** qui se dévouent comme personne pour nous accueillir et nous servir. Merci à Gilbert qui a su nous aimer en nous accueillant dans sa Vienne natale. Sa force, sa verve, sa gentillesse resteront notre guide. A l'année prochaine, pour sûr. J.L. 

 * : Association construite avec Gilbert et ses amis, Pascal, Nadine, Patrice et Valérie.

** : Dans les Serres de Gilbert.